En recommençant à peindre, au cours de la dernière année, je me suis demandée pourquoi je voulais peindre, quel impact je voulais que mes œuvres aient? L’environnement étant un thème récurrent dans mon art, j’ai eu de nombreuses réflexions à ce sujet. J'ai commencé à remplacer certains matériaux par des matériaux plus écologiques, comme ma peinture. Mais je me suis aussi demandée si, au-delà d’exposer ce que nous savons déjà: "que notre environnement est dans un très mauvais état", il était possible à travers l’art d’éveiller et de faire grandir des liens entre nous et la nature?

À cette époque anthropocène, l’anxiété écologique est un phénomène de plus en plus commun. D'autre part, depuis des décennies, les scientifiques et les médias nous préviennent de la dégradation dangereuse de l'environnement. Nous avons tout entendu: des effets catastrophiques des changements climatiques, à la perte de la biodiversité et à la piètre protection de l’environnement en général, mais peu de choses ont changées et la plupart d’entre nous n’avons pas entrepris d’actions significatives.

Nous commençons à comprendre que les scénarios négatifs et catastrophiques que nous voyons le plus dans les médias, tout en attirant notre attention, ont également tendance à freiner toutes actions. Le danger, qui n’est pas immédiat, semble trop éloigné pour que notre esprit puisse vraiment le saisir et agir en conséquence. Ou le résultat possible est si catastrophique qu’on est envahi par la peur pour ensuite faire preuve de déni ou d'apathie. Nous créons donc beaucoup de réactions autour du sujet, mais pas beaucoup d'actions concrètes… Je voulais donc trouver une autre approche. J'ai commencé à explorer des façons positives de nourrir les réflexions sur nos liens avec la nature à travers mes images, en espérant qu'elles pourraient contribuer à favoriser de nouveaux liens et quelques actions. Ce n’est pas qu’il ne faut pas communiquer clairement l’urgence d’agir, mais que nous pourrions peut-être l’illustrer de manière plus positive.

Une des premières images nées de ces réflexions s’inspire d’un proverbe autochtone: «Nous n’héritons pas de la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants». Ces mots semblent illustrer pleinement et avec force l’importance de nos actions. Ils traduisent bien le fait que l’environnement, la Terre n’est pas seulement à nous, c’est le cadeau de toutes les générations futures. C'est notre privilège d'en prendre soin. C’est ainsi que cette image a pris forme:

Et puis vint la nouvelle d'un concours de la Fondation David Suzuki. L'objectif: comme une image vaut mille mots, il nous a été demandé de créer une affiche pouvant générer des réactions - et des actions - pour enrayer la crise climatique. Les trois affiches gagnantes seront affichées dans des autobus, des arrêts de bus et des restaurants partout au Québec cet été. Quel excellent moyen d'inspirer des gens que je n'aurais autrement peut-être pas pu atteindre avec ma pratique artistique!

La peinture que je venais de terminer et le proverbe qui l’avait inspiré semblaient traduire parfaitement et de manière positive l’importance et l’urgence avec laquelle nous devons agir. J'ai ensuite ajouté un appel à l'action clair pour que l’on sente que l’on peut faire quelque chose, ensemble, pour mettre fin aux changements climatiques et protéger notre maison, notre Terre. Et voilà, cette affiche était née:

Merci à tous ceux qui ont voté! Malheureusement, mon design n’a pas été retenu parmi les trois affiches de la campagne publicitaire de la Fondation David Suzuki qui circulera un peu partout cet été. Mais j'espère que mon image a touché nombre de cœurs et d’esprits tout au long du concours et que la peinture elle-même continuera à inspirer de nombreuses personnes !

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